Hockey – La place de la femme dans le monde du hockey – Les joueuses.

Le hockey féminin est nettement moins connu et regardé que le hockey masculin. C’est pourquoi nous avons choisi de donner la parole aux pratiquantes de ce sport, pour qu’elles nous donnent leur ressenti en tant que femmes, qui pratiquent un sport jugé être « masculin » par la société. Elles sont Françaises, Belges, Suisses ou encore Canadiennes et ont accepté de se livrer pour nous raconter leur quotidien.

Stéphanie Bouguerra : « Les joueuses féminines sont rarement privilégiées. » Dit cette jeune joueuse de 27 ans joue à Nantes, depuis maintenant 10 ans, et le fait comprendre : « Je me sens réellement bien dans mon élément, c’est clairement le sport qui me correspond. Pourtant, j’en ai fait beaucoup d’autres, mais le hockey est celui dans lequel je m’épanouis le plus. » Les sports de glisse, Stéphanie s’y connait cela : la jeune Nantaise a commencé à patiner à l’âge de 2 ans et demi, où elle a d’abord fait du patin à roulettes, puis du roller, ensuite du patinage artistique et pour terminer, du hockey. La vitesse et l’esprit d’équipe, Stéphanie adore cela. C’est pourquoi elle a décidé de pratiquer le hockey : « Axel Becouze a été mon premier coach. À l’époque, il était le second gardien de l’équipe pro. Il m’a poussé à sauter le pas et à m’inscrire : je ne le remercierais jamais assez. » La jeune Nantaise ne pense pas qu’un jour, le hockey féminin sera un jour autant mis en valeur que le masculin, et pour cause : « Le hockey féminin a un gros problème au niveau de la promotion et de la communication de la catégorie, contrairement au hockey masculin qui lui est en plein développement : lui continue d’évoluer, et nous, nous restons bloquées, ça ne peut pas décoller. Quand on sait que les joueurs sont rémunérés, selon l’investissement, pour un travail qui est identique au nôtre, ça laisse à désirer. Comment voulez-vous que la femme puisse vivre de sa passion comme certains joueurs de D1 ou encore de Synerglace Ligue Magnus ? En plus de ne pas être payées, nous devons nous même payer nos licences et cotisations. Ce qui n’est pas non plus le cas pour les joueurs, selon le niveau où ils évoluent. Pour ma part, lorsque j’étais en sport études et que je m’entraînais avec les cadets/juniors, j’avais jusqu’à deux entraînements par jours. Et évidemment que je n’étais pas payée, malgré l’investissement. Néanmoins, certaines personnes s’investissent beaucoup pour promouvoir le hockey féminin, mais cela reste encore minorisé par rapport à la promotion du hockey masculin. De plus, s’ajoutent les mœurs qui ne sont pas encore assez évoluées dans le monde en général pour que la femme ait enfin sa place dans un sport qualifié comme étant un sport masculin. » Stéphanie, qui est joueuse, pense que la femme n’a pas sa place dans le monde du hockey : « Il y a beaucoup trop de différences entre hockeyeuses et hockeyeurs, encore aujourd’hui : interdiction du contact, défense de porter une demie visière, réglementations différentes selon les âges et les licences… tout ceci montre clairement que la femme n’est pas intégrée, car elle n’est pas jugée égale à l’homme, situation qui est regrettable, et ce sur tous les points où il n’y a pas de parité entre les sexes, alors que nous sommes au XXIe siècle. Du moment que nous jouons dans notre coin, sans rien demander aux clubs, là tout va bien, il n’y a pas de soucis, mais les féminines sont rarement privilégiées, voir même traitées inégalement que les autres catégories. »

Julie Bayot : « Je ne vois pas pourquoi une fille ne pourrait pas pratiquer le hockey sur glace. »
Cette jeune joueuse âgée de 15 ans pratique le hockey depuis bientôt 6 ans. Selon Julie, la société trouve que le hockey est un sport masculin, mais ce n’est pas pour autant que la demoiselle a eu du mal à s’intégrer dans une équipe : « Dans mon club à Châlons-en-Champagne, on retrouve souvent des filles dans les équipes mixtes, ce qui a sans doute facilité mon intégration. Il faut dire que nous avons aussi des équipes complètement féminines, mais celles-ci restent encore peu nombreuses dues au manque d’effectif féminin. » La jeune fille a découvert ce sport grâce à son père, qui a lui aussi pratiqué cette discipline étant plus jeune, sur une durée d’un an. Son premier essai, elle l’a fait avec des amis « ils étaient dans ma classe à l’époque, et m’ont gentiment proposé d’essayer ce sport, ce qui m’a directement plu. » C’est donc pourquoi elle a décidé de pratiquer ce sport : « Je cherchais un sport d’équipe avec du contact, et avant tout, j’adorais aller à la patinoire pour pouvoir patiner, ce qui m’a forcément confortée dans mes choix. » Julie voit les choses en grand : « Mon rêve, c’est de faire parti de l’équipe de France féminine senior, mais pour le moment j’ai déjà fait des stages en U15 et U18 en équipe de France. » Selon la jeune joueuse, le hockey féminin pourrait dans quelques années égaliser le hockey masculin : « Ces dernières années, beaucoup de filles se sont mises à jouer au hockey, et c’est vraiment très appréciable. »

Fantine Blanchard : « Le fait de pratiquer un sport étant trop masculin aux yeux de certains me forge mon caractère »
Cette jeune fille de 15 ans a pratiqué le hockey à Briançon : le hockey sur glace chez les Diables Rouges, et le roller-hockey dans l’équipe des Bûcherons. Elle pratique ce sport depuis qu’elle est âgée de 3 ans, et cela lui fait du bien : « Je me sens libérée, je ne pense plus à rien et le fait de pratiquer un sport étant trop masculin aux yeux de certains me forge mon caractère. » Pour la famille Blanchard, le hockey est un sport de famille : « Le hockey chez nous, c’est un sport de génération en génération : mon grand père le pratiquait, mon père en faisait aussi et mes frères également. C’est d’ailleurs le fait de voir mes frères faire du hockey qui m’a donné le goût pour ce sport, qui reste tout de même un sport masculin », selon la sœur de 4 garçons hockeyeurs. Elle poursuit en disant que : « La place de la femme dans le monde du hockey est très importante, que ce soit en tant que joueuses, compagnes de joueurs, membres de familles des joueurs, car chacune apporte ce dont les joueurs ont besoin, et notamment de soutien. »

Gaëlle Blanquet : « Depuis que je joue avec les hockeyeurs, le respect s’est installé et je suis considérée comme membre de l’équipe comme les autres : sans différences. »
Cette jeune Bordelaise de 37 ans joue au hockey depuis 1997. En 2002, elle a décidé de se placer devant les cages pour devenir gardienne, ce qu’elle fait encore aujourd’hui. Gaëlle a découvert le hockey par l’intermédiaire d’un autre sport : « J’ai découvert ce sport grâce à ma professeure de danse, qui avait son fils qui jouait au hockey. On nous a même demandé de  faire une démonstration de danse pendant la pause d’un match, et ensuite nous avons fait pom-pom-girls. Au fur et à mesure des matchs, j’appréciais de plus en plus ce sport, j’ai même fait la connaissance de certains supporters. J’y ai donc connu en même temps la dirigeante des joueuses de l’équipe féminine, qui m’a gentiment invitée à voir un match. C’est donc là que tout a commencé. » Depuis que Gaëlle a commencé la pratique du hockey, elle trouve que : « Le hockey féminin a été mit en valeur, il y a eu des progrès. Malheureusement, on ne peut pas trop en demander. Ceci dit, la place de la femme dans le monde du hockey a elle aussi évoluée depuis quelques années car avant, cela n’était pas facile du tout d’être une femme qui pratiquait ce sport « d’homme viril », sport qui était également très macho. »

Chloé Fischer : « Je me suis tout de suite très bien intégrée à mon équipe masculine »
Cette jeune Suissesse de 22 ans joue actuellement pour le HC Nyon III en championnat de corporation homme, où elle est au poste de gardienne titulaire. « Je fais également aussi les entraînements en matchs amicaux avec le HC Forward Morges féminin, pour espérer, dans l’avenir, intégrer pour la première fois de ma vie un championnat de ligue. » Cela fait maintenant 4 ans que Chloé pratique ce sport, où le fait de faire partie d’une équipe masculine ne change strictement rien pour elle : « Je joue et je pense avec le même cœur, et la même passion qu’un homme. Je donne toujours le meilleur de moi-même et en général, les gars sont plutôt contents de moi. Je me suis tout de suite très bien intégrée à mon équipe masculine et ils ont tout fait pour cela. Je dois avouer que je ne vois aucune différence : pour moi, tous les sports sont unisexes du moment que nous avons la passion et l’amour du sport en question. » La Tolochinoise a découvert le hockey grâce à son père qui a disparu il y a maintenant 8 ans : « Il était fan de hockey, et ce depuis son enfance. Dès mes 5 ans, il m’a emmené voir un match, et je suis directement devenue fan et accro à ce sport. C’était devenu notre rituel, nous allions toujours voir les matchs ensemble. C’est aussi grâce à lui que je sais patiner. Le hockey, j’ai d’ailleurs toujours voulu le pratiquer, mais ma mère en avait décidé autrement, car selon elle j’étais bien assez casse-cou comme ça pour en rajouter (rires) et elle avait peur que je me blesse. Alors à l’âge de 18 ans, je lui ai dit que je commençais le hockey. Au début, elle n’était pas très rassurée, mais c’est quand même elle qui m’a offert mon premier équipement et aujourd’hui, elle est ma plus grande fan ! » Non seulement père et fille avaient la même passion, mais en plus la même idole : « Étant petite et encore maintenant, j’ai toujours la même idole, qui était aussi celui de mon père, il s’agit de Cristobal Huet : il reste et restera mon modèle, mon exemple et le joueur qui a le plus marqué ma culture du hockey. » Chloé espère que le hockey féminin sera mis en valeur, au même niveau que le masculin : « Même si on avance doucement, je pense malheureusement que trop peu de gens s’intéressent au hockey féminin comme ils s’intéressent au hockey masculin, et de ce fait, nous devrions plus en parler et le promouvoir, pourquoi pas en créant des événements ou documentaires à ce sujet. » Chloé nous donne son avis, elle aussi sur la place qu’occupe la femme dans le monde du hockey : « Je pense que la femme a la même place que l’homme dans ce sport. Je ne pense pas que pratiquer le hockey ou non joue sur le sexe de la personne. Je pense que ça se joue sur la passion et l’amour que portent les pratiquants à ce sport. »

Léa Pizon : « Pratiquer ce sport me rend forte et solide, autant physiquement que mentalement. » nous dit cette joueuse en loisir à La Roche/Yon qui a commencé la pratique il y a 10 ans, mais a repris il y a un an : « Pratiquer ce sport est un réel besoin personnel, il me rend forte et solide, autant physiquement que mentalement. Pour moi, le hockey peut aider la femme à s’intégrer et à s’imposer dans la société, car il forge un certain caractère. Personnellement, il m’aide à me défouler, car j’ai tendance à être impulsive, ça me permet de me vider la tête et me fait un bien fou. » Le hockey, c’est tout un sport familial dans la famille de Léa : « Mon père (Laurent Pizon, NDLR) est un ancien joueur professionnel, et pareil pour mon frère (Alexandre Pizon, NDLR), qui pratique le hockey à La Roche/Yon. » La jeune femme ne pense pas qu’un jour, le hockey féminin n’égalera pas le masculin : « On n’enlèvera pas la masculinité de ce sport. Le hockey sera toujours, je pense, principalement masculin. Le hockey de haut niveau a une image intense, impulsive, physique et rapide, des critères que l’on ne retrouvera pas, du moins tel en est mon avis, du côté féminin, je pense, ou du moins de façon moins explicite. » Si Léa a des enfants et que ces derniers choisissent d’également chausser les rollers ou les patins, ce sera une fierté pour la jeune femme : « Ce serait dans la continuité sportive de la famille, ceci dit, je n’imposerais rien, cela dépendra de leurs choix et s’ils ont la passion du hockey en eux ou non. » Selon Léa, « La femme a entièrement sa place dans le monde du hockey, que ce soit en tant que joueuse, supportrice, ou membre de la famille. Le hockey est une passion partagée autant par les hommes que par les femmes, c’est donc quelque chose qu’on ne contrôle pas et la femme a tout à fait le droit d’aimer ce sport dit « masculin » autant que les hommes, et ainsi vivre de sa passion si elle le peut et si elle en a envie, et ce sans jugements de la société, car on ne juge pas sur une passion. »

Cynthia Mabillon : « Le football est le sport national en France et les équipes féminines ne sont pas mises en avant, alors imaginez dans l’hexagone ce que ça donne au hockey… »
La jeune fille de 23 ans a commencé le hockey en ayant joué pendant 7 ans à Charleville-Mézières, et se dirige vers Amnéville cette fois-ci pour continuer de pratiquer sa passion. L’intégration, Cynthia l’a plutôt bien vécue : « Je suis bien entourée, certes cela peut être compliqué par moments, mais de manière générale, tout se passe très bien. » La jeune femme a découvert ce sport en regardant les Jeux olympiques de Vancouver en 2010, puis a commencé la pratique quelques semaines plus tard : « Au début, je pratiquais la danse depuis 10 ans, et je voulais changer de sport. Pendant les Jeux olympiques d’hiver, j’ai suivi le Canada pour le hockey sur glace et ensuite j’ai assisté à un match. Cela a été révélateur pour moi, ce fut comme une évidence, du coup je me suis lancée : je me suis renseignée et ai contacté le club de Charleville-Mézières. La danse est un sport que j’aime toujours, mais je voulais un sport physique ou j’allais pouvoir me dépenser. J’aime l’adrénaline que le hockey procure et la vitesse du jeu. » La Messine trouve que le sport féminin en général peut prendre de l’ampleur, seulement il va falloir attendre beaucoup de temps encore : « Le football est le sport national en France, et les équipes féminines ne sont pas mises en avant, alors imaginez dans l’hexagone ce que ça donne pour le hockey… mais l’avantage est que la FFHG (Fédération Française de Hockey sur Glace, NDLR) ainsi que les clubs, mettent en avant le parcours des femmes et le parcours des jeunes filles qui parfois, atteignent un niveau professionnel. Si un jour Cynthia a des enfants, elle souhaite que ces derniers pratiquent ce sport : « Le hockey apporte beaucoup de valeurs, notamment le travail collectif, le respect ou encore le dépassement de soi. Après, je ne les obligerais pas, ils feront le sport qu’ils souhaitent… Bon, si, j’aimerais vraiment qu’ils fassent ce sport… Donc je forcerais peut-être un peu la main ! (rires). » Pour Cynthia, de plus en plus de femmes pratiquent le hockey, « Ce qui est même une très bonne chose même si les femmes sont malheureusement très vite catégorisées par le public extérieur : nous sommes des brutes ou des bonhommes, et je parle en connaissance de cause. À part cela, c’est difficile de parler de la place qu’occupe la femme dans le monde du hockey… Toutes les femmes que j’ai rencontrées lors des matchs ou des tournois se plaisent dans ce milieu dit « masculin ». Certaines, dont moi, ne veulent pas jouer en équipe féminine par habitude de jouer avec des hommes. Si les filles veulent jouer en équipe féminine, elles doivent se regrouper avec plusieurs clubs pour pouvoir monter une équipe, ce qui n’est vraiment pas ce que l’ont fait de plus évident … »

Laëtita Boulic : « Il y a beaucoup d’hommes dans le milieu du hockey, donc la présence de femmes apporte un côté féminin à la discipline, voir même un côté maternel pour nos jeunes, qui n’auraient pas forcément ce côté aussi apaisant si les femmes n’étaient pas là »
Laëtitia joue au hockey loisir au Franconville Hockey Club. La jeune femme se sent tout à fait à l’aise dans ce sport : « En loisir, il n’y a pas de « compétition » entre femmes et hommes, donc nous nous sentons tout de suite intégrées et nous ne sommes pas jugées. Bon, il faut dire qu’en tournois certains hommes peuvent se moquer, car ils sont très « machos », mais sinon, dans l’ensemble, cela reste de bonne guerre. » La jeune assistante de direction a découvert le hockey grâce à une séance publique pendant son adolescence. La jeune Franconvilloise de 41 ans a décidé de pratiquer ce sport souvent considéré comme un sport « masculin », car c’est un sport peu commun et très intensif : « A l’âge adulte, mon frère a voulu essayer, mais pas sans moi. C’est donc comme ça que je me suis inscrite. » La jeune maman de 2 enfants a déjà un petit hockeyeur à la maison, en revanche : « Ma fille âgée de 8 ans n’est pas du tout attirée par le hockey, mais elle est toujours présente avec moi, qui suis bénévole les soirs de matchs et pour accompagner l’équipe. » Pour Laëtitia, la femme a un rôle très important dans le monde du hockey : « La femme est très importante à certains postes, comme la gestion de l’équipe, des tournois, nous pouvons nous apercevoir de quelque chose que les entraîneurs ne remarquent pas forcément, mais qui peuvent faire basculer une équipe ou mettre un mal-être pour certains jeunes. Il y a beaucoup d’hommes dans le milieu du hockey, donc la présence de femmes apporte un côté féminin à la discipline, voire même un côté maternel pour nos jeunes, qui n’auraient pas forcément ce côté aussi apaisant si les femmes n’étaient pas là. »

Julie Sibille : « J’ai toujours pratiqué des sports jugés « masculins », mais là, je me sens libre de faire ce que je veux quand je suis sur la glace. »
Native de Grenoble, Julie joue au hockey depuis 2 ans et elle aussi joue dans deux équipes différentes : aux Lynx de Samoens en équipe mixte et en équipe composée exclusivement de filles, à St Gervais, aux Pinkladies. Julie se sent bien lorsqu’elle joue au hockey : « J’ai toujours pratiqué des sports jugés « masculins », mais là je me sens libre de faire ce que je veux quand je suis sur la glace. J’ai envie de dire que si tu n’aimes pas le sport de contact comme le hockey, change de sport ! Et… surtout si tu le pratiques avec des hommes ! (rires) » Le hockey, elle l’a connu avec les Brûleurs de Loups, grâce à son père, et depuis elle est fan ! Selon elle, le sport féminin ne sera jamais mis autant en valeur que le masculin, car malheureusement, la discipline féminine est « moins populaire », ce qu’elle reprécise dans son opinion par rapport à la place qu’occupe la femme dans le monde du sport, puis dans celui du hockey : « La femme dans le sport en général a une place bien trop peu importante. Cela s’explique par le fait que ce soit sûrement moins culturel, ça touche moins de monde, et c’est bien dommage qu’en 2018 la population ait une vision toujours aussi archaïque, car nous sommes aussi fortes que les hommes. Au hockey, cela est encore pire, du fait que ce soit un sport de contact. Le public vient pour voir du sport de contact, et chez les filles il y en a beaucoup moins que chez les hommes, ce que je trouve dommage, car cela prouve encore une fois que la société nous minorise, que nous sommes des filles « fragiles », alors que les hommes eux peuvent se battre, sont « viriles ». Est-ce que les mentalités vont changer ? Sûrement pas au point d’être aussi médiatisé que les hommes, mais on voit de plus en plus de femmes s’imposer dans le monde du sport, et c’est à nous de prouver de quoi nous sommes capables. En loisir, les clubs sont super contents de voir « débarquer » des femmes, et il faut dire que des équipes 100% féminines se forment de plus en plus. »

Valentine Maka : « Je me suis toujours sentie dans mon élément, aussi bien dans l’équipe féminine que masculine. »
Valentine joue actuellement pour l’équipe nationale Belge, ainsi qu’en U19, chez les Bulldogs de Liège (équipe mixte) et aux Grizzlys de la même ville, cette fois-ci en équipe féminine. Le hockey est un sport que cette jeune Belge de 23 ans a toujours voulu pratiquer : « Malheureusement pour des raisons personnelles, je n’ai pas pu pratiquer ce sport avant mes 15 ans, où là, ça a été la libération quand j’ai enfin pu chausser les patins. J’ai donc commencé le hockey à la moitié de la saison 2009/2010, je vais donc entamer ma 9eme saison au mois d’août prochain. » La joueuse nationale Belge s’est toujours sentie très à l’aise dans ce sport, peu importe l’équipe : « Je me suis toujours sentie dans mon élément, aussi bien dans l’équipe féminine que masculine. C’est aussi un sentiment de fierté, car je peux dire que je représente mon pays dans ce sport », sport qu’elle a connu grâce à sa mère, qui a elle aussi joué au hockey dans sa jeunesse. Le changement, c’est ce qui a fait que Valentine en est arrivée jusqu’ici : « J’étais adolescente quand j’ai commencé à jouer, je voulais du changement. Je me cherchais encore, ce qui est normal à cet âge : on touche un peu à tout, jusqu’au jour où on tombe sur LE truc. Je voulais du challenge, me défier. De plus, ayant toujours fait du sport, car j’ai toujours aimé cela, je n’avais jamais pratiqué un sport d’équipe, ce qui était le moment de tester, c’est aussi une de mes raisons qui m’a poussé d’essayer, et je ne regrette rien. Puis après tout, essayer ne veux pas dire pratiquer, car c’est en essayant plusieurs entraînements que j’y ai pris goût. Le hockey, c’est l’adrénaline des matchs, l’effort que cela nous demande en tant que joueur individuel, mais également en tant qu’équipe, c’est la folie qu’entraîne une victoire, la joie que procure de marquer un but, c’est un tout. Une fois qu’on tombe dedans, on y reste. C’est viscéral. Le hockey est aussi un autre monde que peu de gens comprennent, sauf si eux jouent aussi au hockey. C’est une grande famille, c’est ça qui est beau ! » La jeune Belge a toujours été fan d’Alexander Ovechkin : « J’ai toujours été une grande fan d’Ovi, qui joue chez les Washington Capitals. Et ce n’est pas seulement, car c’est un bon joueur, mais c’est ce qu’il apporte à l’équipe en tant que membre de celle-ci. Il est un joueur complet qui n’oublie pas d’où il vient. C’est ça qui est admirable ! » Valentine Maka nous donne son point de vue sur le hockey féminin : « Si le hockey féminin sera un jour mis en valeur au même niveau que hockey masculin ? J’aimerais tellement répondre « oui » à cette question. Mais malheureusement, quand je vois les efforts et les finances qui sont procurées pour les hommes, et non pour les femmes, j’ai de fortes craintes… Cela mettra, je pense, encore au moins 10, voire 15 ans, si ce n’est plus… Mais bon, si toutes les filles qui jouent au hockey s’investissaient véritablement, on pourrait faire changer les choses un peu plus vite, enfin cela reste mon avis… » Que ses enfants fassent du hockey, Valentine aimerait cela : « Je désire avant tout que mes enfants s’épanouissent, que ce soit dans le sport, dans l’art ou autre. Mais c’est certain, que ce serait tellement chouette de partager ma passion avec mes futurs enfants. » Pour la jeune femme, la femme n’a pas encore sa place dans le monde du hockey : « Le hockey féminin n’est pas assez médiatisé, sponsorisé et financé. De ce fait, la femme n’est pas assez reconnue dans ce milieu. Il faut que cela change, et vite !!! »

Camille Coupeau : « La place de la femme dans le monde du hockey est compliquée. »
Cette jeune gardienne de 25 ans joue à Chambéry, en D4. Le hockey lui fait du bien : « Je me sens déterminée, plus forte mentalement. C’est hyper stimulant, car c’est un sport qui demande du physique, mais aussi une intelligence de jeu. » Le hockey, elle l’a découvert grâce à son petit frère, qui lui a découvert le hockey lorsque Camille faisait du patinage artistique, mais malheureusement, elle a du arrêter la pratique : « La sensation de glisse me manquait, donc je l’ai rejoint au hockey, ce que je ne regrette absolument pas. L’esprit d’équipe, c’était nouveau pour moi, j’ai beaucoup accroché cet état d’esprit. Et enfin pour terminer l’adrénaline, ça m’a rendu accro à ce sport. » La jeune fille nous fait part de son point de vue sur le hockey féminin et sur la place qu’occupe la femme dans le monde du hockey : « Je pense que le hockey féminin sera de plus en plus mis en lumière. Les équipes américaines et canadiennes sont en train de faire bouger les choses, en montant une vraie ligue où elles pourraient évoluer, être considérées et être payées en tant que professionnelles. Il y a certes beaucoup à faire, mais ça évolue dans le bon sens.
L’équipe de France féminine a les moyens et le soutien de la fédération pour monter en niveau, tout comme en communication. Et elles nous l’ont montré cette année. Malheureusement, le hockey féminin sera encore pour longtemps dans l’ombre du hockey masculin tant que le nombre de licenciées sera minoritaire. Ensuite, la place de la femme dans le monde de hockey est compliquée. On vous en demande plus. Il faut toujours être au top, pas de passage à vide autorisé quand vous jouez dans une équipe mixte. Il faudra toujours montrer que vous êtes la meilleure parce qu’au fond, même si vous faites partie de cette équipe, vous êtes absente du vestiaire, c’est plus facile de vous mettre sur la touche. Après, nous, les femmes, apportons aussi quelque chose en plus : une sorte de cohésion plus forte et aussi une ouverture d’esprit supplémentaire. »

Lola Zapateira : « Ce fut un plaisir pour moi de jouer en équipe mixte, car cela montre que la femme peut se faire une place partout et en plus de cela, lorsque je jouais à Gap, j’étais capitaine de l’équipe, ce qui n’est pas commun pour une fille jouant au hockey dans une équipe masculine. J’en étais donc très fière. »
Lola a joué au hockey sur glace à Gap en U15 mixte et à Chamonix en équipe féminine, sport qu’elle pratique depuis maintenant 4 ans. La jeune lycéenne de 17 ans était ravie de pouvoir pratiquer ce sport au sein d’un groupe de garçons : « Ce fut un plaisir pour moi de jouer en équipe mixte, car cela montre que la femme peut se faire une place partout et en plus de cela, j’étais capitaine de l’équipe, ce qui n’est pas commun pour une fille jouant dans une équipe masculine. J’en étais donc très fière. » Lola a connu le hockey en regardant Le Trophée des Petits Champions, elle était curieuse de savoir comment se jouait ce sport, ce dont pourquoi elle a commencé. Pour la jeune fille, la femme a une place importante dans cette discipline : « La femme a dans ce milieu, une place importante, mais très compliquée : elle peut apporter un équilibre dans une équipe d’homme, il faut juste s’imposer au sein de ce sport qualifié de très masculin. »

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