Hockey – La place de la femme dans le monde du hockey – les Arbitres

Laetitia Garnier : « Si nous reculons devant la différence numéraire hommes-femmes, nous ne pourrons jamais avancer. »
Laetitia a 36 ans et arbitre depuis maintenant 10 ans : « J’ai découvert le hockey sur glace à Dijon. En fait, j’ai commencé par le patinage artistique toute petite, à l’âge de 3 ans mais cela ne me convenait pas. Je trouvais cela beaucoup trop «mou», et pour moi, il n’y avait pas assez d’action. J’ai donc demandé à mon père pour pouvoir m’inscrire au hockey. Après avoir essuyé de nombreux refus, il a accepté. Lui-même était déjà supporter à l’époque, il connaissait donc la discipline. J’ai commencé en septembre 1997, soit 13 ans après mes premiers pas sur la glace. » La jeune femme a choisi d’être arbitre son métier ne me permettait plus de trouver le temps de s’entraîner et de jouer : « Comme je voulais rester dans le monde du hockey, je me suis donc tournée vers l’arbitrage. » Laetitia a joué de 1997 à 2003 : «  J’étais au sein de l’équipe féminine Epinal-Dijon en championnat, puis à Lyon avec les loisirs pendant 2 ans, avant d’arrêter pour des raisons professionnelles. », déclare t-elle. La jeune femme nous raconte une journée type de match : « Lors d’une journée de match, premièrement, j’essaye de commencer par une sieste si possible. Juste avant le départ, je vérifie une ultime fois mon sac, car ma hantise est d’oublier mes patins… Ce qui pourrait être vraiment problématique ! (Rires). Ensuite pour le trajet, soit je covoiture avec mes collègues, soit on se rejoint à la patinoire, en moyenne 1h30 avant le début du match. On prend un café, on discute de nos derniers matchs en général, puis nous allons au vestiaire où l’on se prépare pour aller s’échauffer hors glace : c’est un moment relativement sympa, on échange quelques balles, on s’étire, on discute. Enfin, nous retournons au vestiaire où nous contrôlons les licences des joueurs, et tout ce qui doit être contrôlé avant chaque match de la compétition. Nous arrivons au moment de s’équiper. Pour moment, cet instant est assez long car j’aime bien que tout soit bien mis, bien serré. Je tiens vraiment à être présentable. Je commence toujours par les mêmes éléments, dans le même ordre. Une fois que tout le monde est prêt, nous pouvons nous rendre vers la glace. Arrivé(e)s sur la glace, mon cœur palpite, c’est une sensation bizarre, mais c’est un moment que j’aime, cela m’aide à donner le meilleur de moi-même pendant le match. Les joueurs montent également sur le glaçon, et nous voilà partis pour la grande aventure ! » Devoir séparer des grands gaillards entre eux n’effraye pas la jeune femme : « C’est un moment qui ne m’effraie pas du tout. Cette situation, je l’appréhende déjà dans le cadre de mon travail, donc je n’ai aucun souci avec cela. J’avoue que quelquefois, cela secoue un peu, car les joueurs sont parfois grands et costauds, mais je n’ai jamais pris de mauvais coup. Les joueurs sont aussi conscients qu’il y a une fille sur la glace, et quand ils me voient, beaucoup d’entre eux cessent de se battre… Sans compter ceux qui vous défendent et qui demandent aux autres d’arrêter car je suis au milieu ! Il faut savoir à ce moment là dire les bonnes paroles pour que la situation s’apaise, et que l’on puisse reprendre le cours normal du jeu. Dernièrement, lors d’une bagarre, je me suis retrouvée à séparer deux joueurs qui étaient content de me dire que…je sentais la « fille » !. Je prends évidemment cela avec beaucoup d’humour !  (Rires)» « Avez vous un mot à adresser à celles qui souhaite vêtir la tenue d’arbitre ? Je dirais aux jeunes femmes qui souhaitent devenir arbitre de se lancer sans hésiter, aujourd’hui les hommes ont l’habitude de nous voir sur les patinoires. Il n’y a pas de questions à se poser. Les temps changent, et les mentalités aussi, même s’il faut avouer que par moment cela reste encore un peu rude dans notre milieu, il faut bien comprendre qu’il n’y a pas des filles et des garçons, mais des arbitres, nous formons le corps arbitral, donc que l’on soit un homme ou une femme, tout le monde à sa place sur la glace. Et il faut dire que si nous reculons devant la différence numéraire hommes-femmes, nous ne pourrons jamais avancer. » La jeune femme n’a jamais connu de situations de machisme depuis ses débuts au hockey : «  Je n’éprouve pas de machisme dans le hockey en général, les hommes ont pris l’habitude de voir une fille sur la glace, aujourd’hui cela ne les étonne plus. Mais il faut dire qu’il existe encore quelques gestes machistes, qui c’est vrai, ont le don de me mettre en colère, mais contre lesquels je lutte, et je continuerais de lutter. J’exerce déjà un métier masculin dehors, et difficile, j’ai donc la reparti nécessaire pour ne pas me laisser marcher sur les pieds, et surtout remettre les choses à leur place. Lorsque les choses sont dites avec tact et délicatesse, mais avec toute la répercussion nécessaire sur la personne, les comportements changent relativement vite. Après, généralement, ceux que j’ai recadré savent à quoi s’attendre avec moi. Il faut avouer que c’est beaucoup plus délicat pour eux de se faire « brasser » par une fille que par un garçon, donc je dirais que cela a un impact positif. » Pour conclure, Laetitia se confie sur ses opinions quant à la place de la femme arbitre dans le monde du hockey, mais également sur la place de la femme en général dans le monde du hockey : « Aujourd’hui les femmes font entièrement partie du groupe, de l’aventure, et comme je l’ai dit plus haut, il n’y a pas de femmes, ni d’hommes, mais des arbitres. Nous sommes nécessaires les uns aux autres. Il est certain que nous n’avons pas le physique, ni la puissance d’un homme, mais nous avons d’autres atouts qui deviennent alors complémentaires aux hommes. Et c’est ce qui forme le groupe, le trio ou le quatuor sur la glace, suivant la compétition. Du coup, les différences s’effacent pour laisser place à un collectif d’arbitres. Nous nous soutenons les uns et les autres, et nous le faisons sans forcément se poser la question de savoir si c’est un homme ou une femme qui fait ou dit les choses, nous le faisons parce que nous sommes tous arbitres. Parfois, il peut avoir des désaccords, comme dans tous les groupes, mais nous avons l’avantage de nous connaître tous et de pouvoir discuter, de trouver la solution, de résoudre le problème, et c’est cela que j’apprécie. Pour en venir à la place de la femme dans le hockey, elle se démocratise de plus en plus. Les spectateurs, les joueurs, les coachs, sans oublier les bénévoles, ont aujourd’hui l’habitude de voir une, ou plusieurs filles, sur la glace, qu’elle soit joueuse ou arbitre. Il faut cependant rester lucide sur le fait qu’il y a encore beaucoup de travail à faire pour intégrer pleinement les filles dans le hockey sur glace. Les différences hommes-femmes existent encore, c’est clair, et elles ne s’effaceront pas facilement, ni rapidement. Il faut faire preuve de ténacité et de volonté, il faut que les filles continuent de montrer de quoi elles sont capables, qu’elles ne lâchent rien, qu’elles restent telles qu’elles sont, qu’elles jouent maquillées, qu’elles se parfument si elles le veulent, tout en montrant que leur place est l’égale de celle d’un homme : c’est ça être une femme dans un milieu d’hommes ! Néanmoins, aujourd’hui il est impossible d’avoir une équipe de fille de chaque catégorie, dans chaque club ; d’où la mixité. C’est un bon départ, une réponse pour avoir des filles dans le hockey, mais à terme, ce n’est pas une solution, cela ne permet pas de garder les filles dans ce milieu. L’intensité va monter, les risques aussi, et certaines filles abandonnent car physiquement, elles ne peuvent plus suivre. Mais nos instances expriment une réelle volonté de vouloir faire changer les choses, et travaillent sur le sujet, et cela est très bien pour l’avenir du hockey féminin ! »

Laura Peronnin : « Nous sommes tous égaux. »
La jeune femme de 22 ans a commencé à arbitrer à l’âge de 12 ans : « Je suis passée arbitre régionale à l’âge de 16 ans. Maintenant, j’entame ma troisième saison en tant qu’arbitre nationale. » Le hockey, Laura a toujours grandi dans ce milieu : « Mon père était à l’époque joueur. J’allais donc régulièrement le voir jouer quand j’étais petite. Après avoir essayé de me mettre à l’artistique, mes parents ont accepté de me mettre au hockey à l’âge de 3 ans. Je n’ai, comme vous pouvez le constater, plus jamais raccroché les patins. » L’envie d’arbitrer lui a été provoquée avec l’aide de son père : « Depuis que j’étais petite, j’admirais mon père lorsqu’il jouait, lorsqu’il arbitrait. J’ai arbitré pour la première fois un match U11 pendant lequel il était sur la glace avec mon collègue arbitre et moi-même, afin de nous aider. J’avais pris beaucoup de plaisir à arbitrer cette rencontre ; c’est à ce moment que je me suis dit que je souhaitais devenir arbitre. » La jeune femme de 22 ans a également pratiquer le hockey sur glace en tant que joueuse : « J’ai joué au hockey auparavant en mixité jusqu’en U20 excellence, mais aussi en championnat féminin élite et excellence. J’ai également fait partie de l’équipe de France U18 féminine pendant une année, où nous avions finies vice-championnes du Monde. » Laura nous raconte son organisation lorsqu’elle a à arbitrer une rencontre le soir même : « Lorsque j’ai match, le début de journée est plutôt banale : je me prépare comme pour une journée normale. Juste avant de partir, je fais mon sac 10 ou 15 minute avant et je prends la route. 1h30 à 2 heures avant le match nous arrivons au vestiaire et nous nous préparons pour aller nous échauffer en hors glace. S’en suit alors un échauffement hors glace, puis nous retournons nous équiper et vérifions la feuille de match ainsi que les licences. Nous prenons évidemment le temps de parler entre nous. Enfin, s’en vient l’heure de monter sur la glace, et de donner le coup d’envoie. » « Séparer des joueurs, cela fait partie intégrale du rôle de juge de ligne. Dans l’action je n’ai pas le temps d’appréhender d’autant plus que ça ne serait pas bon. J’y vais donc sans trop réfléchir. », déclare la jeune femme. « En France, vous êtes seulement 8 arbitres féminines. Avez-vous un mot à adresse à celles qui souhaitent devenir elles aussi, arbitres de haut niveau ? Il ne faut pas hésiter. Nous avons besoin d’arbitres, d’autant plus féminines. » Laura, une arbitre au même titre que toutes les personnes pratiquant ce métier ; « Aujourd’hui, au sein de ma pratique, je ne me sens pas considérée comme étant une femme arbitre, mais comme une arbitre à temps plein. » Laura revient sur la question de la femme arbitre dans le monde du hockey à niveau national et international, mais également sur la place de la femme dans le monde du hockey : « La femme est complètement intégrée de la même manière que le sont les hommes dans le corps arbitral. Comme dit précédemment, nous ne sommes pas des femmes arbitres, mais des arbitres de hockey sur glace au même titre que tout le monde. Le fait que les femmes arbitrent des championnats masculins prouvent qu’elles ont la même place que les hommes dans leur pratique. Ensuite, la place de la femme dans le monde du hockey sur glace est la même que celle qu’un homme. Les femmes sont intégrées en mixité en tant que joueuses, mais aussi en tant qu’arbitres ; il y a même une équipe féminine qui est engagée en championnat masculin U17 élite. Dans une équipe de joueurs ou d’arbitres celle-ci n’est pas laissée à l’écart, mais est complètement intégrée au reste du groupe. Nous sommes tous égaux, sans différences quelconques. »

Alexia est chargée de compte clients chez Hager , à Grenoble. « Il faut savoir qu’en France, aucun arbitre n’est professionnel. J’espère d’ailleurs que cela viendra pour mes collègues en Ligue Magnus qui arbitrent la semaine et le week end, car le rythme n’est pas évident à suivre. En ce qui me concerne, l’arbitrage ne me permet pas de vivre, donc oui, je travaille à côté. » La jeune Grenobloise a fait son premier sage national à Marseille en 2010, mais a réellement commencé à arbitrer en national en 2011. Avant cela, elle était arbitre de club depuis 2 ans. La jeune femme de 27 ans a découvert le hockey grâce à l’associé de travail de son père, qui l’a emmenée voir des matchs : « J’ai tout de suite accroché à l’ambiance, à la rapidité et la précision du jeu. », déclare t-elle. Alexia nous raconte ses débuts dans le milieu : « Comme beaucoup d’arbitres, on commence pour dépanner notre club sur les catégories jeunes. L’expérience a été très mauvaise pour moi, car je n’avais pas les compétences et certains coach n’ont pas été tendres avec moi. J’ai failli arrêter mais Roy De Tao, un ancien arbitre, m’a prise sous son aile et m’a fait (re)découvrir l’arbitrage. J’ai gardé de ces matchs avec Roy une chose qui ne me quitte pas aujourd’hui : rien de tel qu’un sourire et une bonne blague pour désamorcer la plupart des situations tendues. Après tout, ce n’est que du sport ! » La jeune femme faisais plutôt des sports individuels, type escalade ou de la voile au moment où elle a découvert le hockey. « J’ai porté un corset à cause d’une scoliose jusqu’à l’âge de 15 ans et le hockey n’était pas recommandé pendant cette période. Une fois débarrassée du corset, je me suis inscrite à Grenoble, en féminine, puis j’ai joué pendant 4 ans dans le championnat Elite féminin. » Alexia nous raconte les 2 types de journée de match : « Pour les matchs en semaine, (qui sont plus rares dans sa division mais cela arrive quand même, NDLR), nous devons arriver au plus tard une heure avant le coup d’envoi. On ne pose de journée de congé donc on fait notre journée de travail, et on prend la route tout de suite après. Généralement, en semaine, pour un juge de ligne D2/U20, on nous envoi le plus près possible, mais au minimum 1h de route et au maximum, 3 heures. Ces matchs sont, pour ma part, les plus difficiles à gérer à cause de la fatigue. Le plus dur est de faire la route du retour après le match et de se lever le lendemain matin pour être tôt au travail. Pour ce qui est des matchs le week-end, nous devons arriver au plus tard 2 heures avant le coup d’envoi. Le week-end, c’est au minimum 2 heures de route, 5 maximum. La routine est la même que pour les joueurs : repas du midi, sieste, préparation du sac. En hiver, dans les Alpes, faire 100km peut vous prendre des heures, à cause de la route, des conditions météorologiques et ce n’est pas toujours facile d’arriver frais et en forme à un match dans ces conditions. Après un moment d’échange autour d’un café, et environ une heure avant le match, nous allons nous échauffer en jouant au foot, en courant. Ce moment est une sorte de sasse de mise en conditions et une team building. Après les matchs, lorsque cela est possible nous allons manger au restaurant ensemble, parfois aussi avec nos conjoints, qui nous suivent pour passer du temps avec nous, car sinon ils ne nous voient pas du week end. Il n’est pas rare que les restaurants soient fermés en sortant du match, ce qui nous oblige soit à manger sur une aire d’autoroute, soit en drive à un fast food… mais ça reste toujours un moment agréable de partage et de rigolade avec les collègues, surtout quand l’un de nous est tombé pendant le match… : tournée de bière pour le trio ! (Rires) Les matchs sous tension, la jeune femme les adorent : « Pour ma part, j’adore les moments un peu tendus, car ça pimente le match et c’est dans ces moments-là que l’on voit les bons juges de lignes. Notre rôle de juge de lignes est essentiellement basé sur la communication et la gestion des joueurs, pour permettre à l’arbitre principal de faire son job de façon sereine. Si durant le match, ce travail a été fait correctement, au moment de séparer une bagarre, les joueurs vous écoutent et vous arriverez à les canaliser. Il y a une différence physique qui est indiscutable mais jusqu’à maintenant cela ne m’a jamais posé de soucis et je n’ai jamais été blessée. Je pense même qu’au contraire, en voyant un petit gabarit comme moi, de peur de me blesser malencontreusement, d’eux même, les joueurs s’arrêtent. Séparer une bagarre s’apprend, il y a des techniques pour éviter de nous mettre en danger ou mettre les joueurs en danger. De toute façon, soyons clair, si deux joueurs veulent vraiment se battre, que vous soyez un homme ou une femme, rien ne les arrêtera. » Alexia s’adresse à celles qui souhaitent prendre la relève : « Je pense que le niveau du hockey féminin a augmenté ces dernières années avec les différents plan de développement mis en place par la fédération, et que grâce à la mixité dans les catégories jeunes, les féminines ont la même agilité de patinage et la même lecture de jeu que les hommes, ce qui n’était pas forcément le cas il y a quelques années. Cela ouvre des portes immenses aux filles qui souhaiterais devenir arbitre, et cela leur permettrai d’évoluer en tant qu’arbitre, à des niveaux où la mixité n’existe pas en tant que joueur. Il y a également de la place à l’international, je connais d’anciennes joueuses d’équipes nationales suédoises, Slovaques, qui cette année, ont fait les JO en tant qu’arbitre. Rien ne sert de forcer quelqu’un à devenir arbitre, il faut un minimum d’intérêt et de caractère pour s’engager sur cette voie, qui soyons honnête, n’est pas toujours simple, que l’on soit un homme ou une femme. » « En tant que femmes et dans un sport considéré comment étant masculin, constatez-vous encore aujourd’hui du machisme ? A titre personnel, je n’ai pas eu à faire à du machisme/sexisme, du moins pas en face. Plusieurs arbitres féminines ont réussi à se faire un place, à nous faire une place, nous les nouvelles, de par leur réussite à l’international et national : Anne-Sophie Bonniface, Marie-Picavet, Sueva Torribio, Charlotte Girard. Elles comptent à elles seules un grand nombre de mondiaux groupe A, des JO, des coupes d’Europe, et méritent le plus grand des respects pour ce qu’elles ont accomplis pour la visibilité de notre sport, pour que les arbitres féminines soient légitimes à arbitrer des matchs masculins. J’ai aujourd’hui le sentiment que les coaches, joueurs et autres membres des clubs, sont tout aussi exigeants que l’arbitre soit un homme ou une femme. Je ne me sens pas femme arbitre sur la glace, juste arbitre. Je me sens acce à l’aise dans ma division, je connais les joueurs, les coachs. Il y a toujours, comme dans la vie, des cas particuliers, des personnes avec qui ça ne passe pas pour des raisons plus ou moins claires, mais je pense que tant que certaines (mes) limites ne sont pas franchies, ils ne valent pas la peine que l’on perde de l’énergie avec eux, d’autant que nous avons le règlement avec nous pour sanctionner les possibles déviances comportementales. La fois où un joueur a eu une parole à connotation sexiste à mon égard, que j’ai clairement entendu et identifié, ce dernier est passé en commission de discipline et a été sanctionné. Concernant mes collègues arbitres, c’est la même chose, je n’ai jamais subi de paroles ou comportements déplacés. Nous formons une équipe sur la glace et hors de la glace et même si il y a bien sûr des personnes avec qui le courant passe moins, il y a une solidarité (en D2 en tous cas, car je ne connais pas les autres) et un esprit d’équipe. Le fait de vivre parfois des matchs compliqués soude le groupe. La jeune Grenobloise a eu la chance de partir en camp IIHF à Bratislava en 2011 : « J’étais toute nouvelle à l’époque et avec peu d’expérience et ce camp m’a permis d’apprendre beaucoup, de rencontrer des arbitres avec qui je suis toujours en contact. Suite à ça, je n’ai pas eu de désignations à l’étranger mais cette saison, après huit années de travail et d’apprentissage, j’ai appris que la FFHG me prenait une licence internationale pour la saison 2018-2019. Je suis très fière que l’on me fasse confiance pour représenter mon pays et mon sport, j’ai vraiment hâte ! » « Au niveau national, les arbitres forment un groupe et je ne ressens pas spécialement le besoin de spécifier la place de la femme dans ce groupe. Il y a bien sûr des affinités plus ou moins marquées mais qui, de mon point de vue, ne sont pas en lien avec le fait que je sois une femme. C’est une mini-société, dans laquelle on retrouve les mêmes typologies de personnalités que dans la vie de tous les jours. », déclare la jeune femme, qui nous donne pour conclure son avis sur la place de la femme dans le monde du hockey : « Je pense que les coachs et joueurs nous acceptent à partir du moment où nous avons fait nos preuves, mais il en est de même pour les arbitres masculins. Je ne ressens pas le besoin de faire mes preuves plus que mes collègues masculins, le niveau de jeu a augmenté dans toutes les divisions et les attentes des clubs sont les mêmes, peu importe le sexe de l’arbitre. Il existe bien évidement des cas particuliers mais qui encore une fois, sont minoritaires et personnellement, ne me font ni chaud ni froid. J’ai trouvé qu’entre mes débuts et aujourd’hui, les mentalités ont changé, notamment celle des joueurs étrangers, qui ne connaissent pas la mixité et n’ont jamais imaginé pouvoir être arbitrés par une femme, aujourd’hui, ils l’acceptent et je pense que le discours des joueurs français qui côtoient des arbitres féminines depuis maintenant un moment a permis ce changement. »

Sueva Rousselin : « Nous sommes 8 femmes à arbitrer à l’heure actuelle et c’est trop peu. »
Sueva Rousselin, employée dans un groupe bancaire, arbitre depuis 1994 en club, et depuis 2002 au niveau national : « J’ai découvert le hockey sur glace en regardant les Jeux Olympiques quand j’étais plus jeune. Ensuite, j’ai commencé à arbitrer pour aider mon club formateur car il n’y avait jamais grand monde pour officier sur les matchs des jeunes le dimanche. Le responsable de mon club, Christian Catil que je remercie encore, m’a incitée à passer les différents niveaux. » La jeune femme de 37 ans a démarré le hockey lors de la saison 93/94 après avoir été sollicitée par des joueuses lors d’une séance publique : « Je jouais à l’époque avec l’équipe féminine de Mulhouse avant qu’elle ne disparaisse. Ensuite, avec 3 coéquipières nous avons pris le chemin d’Ajoie, un club suisse proche. Enfin, j’ai fini par jouer sous les couleurs de Colmar en association avec Mulhouse. » Sueva nous décris à présent ne journée de match : « Il faut savoir que ces journées peuvent prendre différentes formes, tout dépend du moment dans la semaine auquel elle a lieu, si c’est en semaine ou en week-end, et selon la distance à parcourir pour rejoindre la patinoire. Prenons un match le samedi 20h à 400 kms par exemple : réveil vers 8 heures avec un petit déjeuner classique, occupations diverses toute la matinée et préparation du sac d’arbitre, repas comprenant des sucres lents à midi, puis vient le temps de prendre la route vers 13heures, arrivée à l’hôtel vers 17 heures, petit en-cas puis direction la patinoire pour rejoindre les collègues vers 18h-18h30. Après un café partagé, direction les vestiaires. On a pour habitudes de faire un échauffement ensemble, jeu de ballon…, le match se passe puis la journée se termine en partageant un repas entre arbitres, amis avant de rejoindre l’hôtel ou reprendre la route pour certains. » La séparation des joueurs pendant une bagarre n’effraye pas Sueva : « La séparation de joueurs fait partie intégrante de ma fonction de juge de lignes, ce n’est pas un moment que j’appréhende. Il y a bien sûr la force physique mais il y a aussi la gestion verbale qui est très importante. Plus on communique avec les joueurs, mieux cela se passe. » « En France, vous êtes seulement 8 arbitres féminines. Avez vous un mot à adresse à celles qui souhaitent devenir elles aussi, arbitres de haut niveau ? Effectivement, nous sommes 8 femmes à arbitrer à l’heure actuelle et c’est trop peu. Rejoindre le corps arbitral c’est comme être dans une équipe qui change tous les week-ends, même si on retrouve certains collègues régulièrement. Il y a vraiment le plaisir de se rendre sur un match, ils sont tous différents et pleins de surprises. Il n’est pas toujours facile pour une femme de continuer à jouer car le nombre d’équipes féminines en France reste faible et arbitrer est une bonne manière de garder le pied dans le hockey et permet aussi de relever de nouveaux challenges : évoluer dans les différentes divisions, être sélectionnée pour les play-offs, les finales et même voyager à l’international. On vous attend ! » « En tant que femmes et dans un sport considéré comment étant masculin, constatez vous encore aujourd’hui du machisme ? Il faut avant toute chose savoir qu’un arbitre, qu’il soit un homme ou une femme, est souvent décrié. C’est d’ailleurs pour cela que les candidats ne se bousculent pas. Après, homme ou femme, ça n’a pas vraiment d’importance. L’essentiel est de prouver sur la glace qu’on est capable. Il arrive parfois que des joueurs soient étonnés de nous voir, surtout les étrangers qui arrivent en France et qui ne sont pas habitués à voir une femme officier chez les hommes mais ça se passe bien en général. » La jeune femme a déjà arbitré à l’étranger : « Je dois dire qu’arbitrer pour l’IIHF (Fédération Internationale de Hockey sur Glace, NDLR) est une vraie chance. Je pars chaque année depuis 2008. Fin septembre – début octobre, j’attends toujours avec impatience la parution des désignations internationales. Savoir dans quel pays, à quel niveau et avec quelles collègues est toujours très excitant. Lors des tournois à l’étranger, on arbitre exclusivement les femmes et avec d’autres femmes, c’est très différent de ce que l’on vit le reste de la saison et le jeu change aussi, il faut donc s’adapter mais c’est motivant. Arbitrer des équipes nationales, découvrir d’autres cultures avec nos collègues et les pays visités est très enrichissant. Durant un mondial on fait toujours une ou deux visites dans le pays organisateur ça permet vraiment de découvrir des lieux où je ne serais peut-être jamais allée de moi-même et même d’apprendre du vocabulaire local. Pour conclure, Sueva nous donne son avis sur la place de la femme dans le monde du hockey, en tant qu’arbitre ou non : « Au niveau national, on ne représente que 8% des effectifs, on arbitre toutes dans les différents championnats masculins ; SLM, D1 et D2. Au niveau international, on est 4 et la 5e arrive enfin, 2 ont déjà participé à des olympiades et des françaises sont régulièrement en Groupe A séniors ou U18. La femme dans le monde du hockey, c’est un vaste sujet : le hockey se féminise de plus en plus, des actions sont menées un peu partout dans le monde pour promouvoir la pratique féminine avec l’aide de l’IIHF. Le nombre de femmes dans le hockey se développe de plus en plus ainsi que le niveau de pratique à l’image de notre équipe nationale qui va disputer son premier mondial élite cette saison. On n’est pas encore assez mais ça progresse., doucement mais sûrement. »

Anne-Sophie Boniface : « Je ne me sens et ne me considère pas en tant que femme arbitre, mais en tant qu’arbitre. » Anne-Sophie arbitre depuis 1992. « J’étais au collège lorsque j’ai découvert le hockey sur glace », déclare t-elle. « J’étais dans une classe sport étude hockey/foot et avec les garçons du hockey nous allions patiner le mercredi après midi. Comme j’avais de suite des facilités, les encadrants m’ont suggéré d’essayer le hockey au sein de la section féminine du club de Gap créé en 1985. Résultat des courses, aujourd’hui j’ai toujours des patins aux pieds et me retrouve souvent sur la glace au milieu de hockeyeurs professionnels pour arbitrer les rencontres. »Robert Megy, l’homme qui a donné l’envie d’arbitrer à Anne-Sophie : « Les entraîneurs de l’équipe féminine étaient arbitres internationaux et nous ont toutes fait passer les degrés d’arbitrage pour au moins, connaître les règles et arbitrer les petites catégories le dimanche. Puis, Robert Megy, ancien grand arbitre et responsable de l’arbitrage français pendant de nombreuses années, m’a poussé à arbitrer de plus en plus et de plus en plus de catégories difficiles comme les U18, puis le stage de pré-sélection pour le stage national, cela depuis 20 saisons maintenant. »Anne-Sophie était également joueuse, elle a raccroché les patins de pratiquante pour privilégier ceux de membre du corps arbitral. Organisation d’une journée de match, détaillée par Anne-Sophie Boniface : « Tout d’abord, nous devons trouver quelqu’un qui puisse garder notre fils qui est en bas âge, et de toute son intendance. Ensuite, je dois m’organiser pour le trajet du match, la restauration ainsi que l’hébergement. Pour continuer, je dois également organiser mes équipes au travail, et préparer leurs tâches, chose que je peut faire en télé-travail pendant mes déplacements en train, où à l’hôtel avant et après le match. Une fois tout ça réalisé, je dois me réveiller très tôt pour aller tôt au travail pour pouvoir partir, travail le matin et distribution des taches et réglages des encours urgents. Ensuite, je pars 2 heures à l’avance, en plus du trajet normal pour éviter les éventuels embouteillages, pour être sûre d’être au moins à la patinoire 2 heures avant le match. Puis, nous prenons un petit café avec les collègues. Ensuite, nous nous mettons en tenue de hors glace:nous faisons l’échauffement hors glace puis nous nous équipons, nous effectuons la vérification des compositions, des feuilles de match, sans oublier la vérification des planches de contact licences. Ensuite, nous y sommes : Nous montons sur la glace au moins 5 min avant le coup d’envoi. Des matchs qui peuvent monter en température, certains plus que d’autres. Puis, fin de match avec à nouveau une vérification de la feuille de match. Nous nous déséquipons, nous prenons notre douche, nous rangeons notre sac, et nous repartons rapidement afin de trouver un restaurant qui sert à des heures tardives… Ce sont souvent les mêmes cantines qui font donc un peu parti de nos vies depuis toutes ces années. Pour continuer, retour à l’hôtel où départ immédiat en voiture de façon à être le plus rapidement possible lendemain matin au travail afin de palier à l’absence de la demie journée où journée entière de la veille. Après le travail, même réorganisation pour le match suivant, et ce pour toute la saison. » Anne-Sophie n’a pas d’appréhension lorsqu’elle doit séparer plusieurs joueurs entre eux. Elle a été la première femme à arbitrer au hockey français, et elle devait faire ses preuves pour acquérir de la confiance afin que les garçons l’intègrent à leur groupe. « Je n’ai pas peur des garçons, je fonce directement, ce qui fait que je n’ai pas eu le temps de réfléchir à la dangerosité qu’il peut y avoir ou pas. Il faut dire que je viens toujours en parlant fort pour que les joueurs/joueuses reconnaissent ma voix et sachent que je suis l’arbitre et pas un autre joueur qui vient dans la bagarre. Donc du coup je n’ai pas d’appréhension particulière, je fais confiance en mon instinct, en mes collègues et dans les joueurs qui, sont très respectueux dans leur ensemble et ont de bonnes valeurs qui je l’espère, évolueront encore plus vers celles du rugby, sport qui est un modèle de respect plutôt que vers celles du football qui sont catastrophiques. » Avez vous un mot à adresser à celles qui veulent devenir comme vous, membre du corps arbitral ? « Qu’elles viennent sans soucis, nous sommes un groupe de filles bien intégrées et soutenues par les garçons. Entre nous, nous nous aidons et vous verrez vous découvrirez une autre branche du hockey qui est très engageante et passionnante. » Le machisme, Anne-Sophie l’a déjà rencontré, même que très rarement : « Au début cela fut compliqué d’évoluer dans une discipline ou il n’y avait jamais eu de femme à ce poste auparavant. Mais au fur et à mesure, les gens se sont aperçus que je remplissais les mêmes fonctions que mes coéquipiers. Mais de nos jours, je ne subit pas de comportement machiste. De temps en temps, de la part de coachs ou joueurs une réflexion attenante à ma condition de femme, mais cela n’est qu’anecdotique. Et surtout, je ne me sens et ne me considère pas en tant que femme arbitre, mais en tant qu’arbitre. » Anne-Sophie a déjà arbitré à l’étranger. Elle nous raconte son expérience : « J’ai arbitré 13 championnats du monde, le premier JO par une française en 2006, des finales de coupe d’Europe, des tournois de qualifications pour les JO, ce pour avoir la médaille d’or au plus haut niveau internationale féminine et bronze. » Arbitrer plusieurs compétitions a permis à Anne-Sophie de voyager : « Arbitrer à l’étranger permet de visiter de multiples pays, comme par exemple l’Italie, les Pays-Bas, l’Allemagne, la Lettonie, la Suisse, la Finlande, la Chine, les USA, le Canada et plus encore. Cela m’a surtout permis de partager des expériences sur le hockey avec d’autres filles venant de l’ensemble de la planète et cela m’a enrichi sur plein de points différents. » Anne-Sophie nous donne son point de vue sur la place de la femme dans le monde de l’arbitrage au hockey sur glace, que ce soit sur le plan national comme international : « Les femmes sont très bien intégrées et à tous les postes et toutes les divisions. Nous avons très souvent été encouragées, poussées et soutenues par nos collègues arbitres. Il arrive que nous ayons de divergences d’opinion ou de positionnement, voir des incompatibilités d’humeur mais attenantes aux relations humaines et pas au machisme. » Pour conclure, elle nous donne son avis sur la place qu’occupe la femme en général dans le monde du hockey : « Je suis dans le hockey depuis 1988/1989 et depuis toutes ces années, les femmes ont de plus en plus de place et ont réussit à se faire leur place, à leur façon. Bien évidement le hockey masculin est majoritaire mais l’accès aux femmes à cette discipline ne s’est pas fait en même temps et que très récemment vers 1985 officiellement en France. Les femmes dans le hockey sont de nos jours à pratiquement tous les postes et sont complémentaires aux hommes. Les femmes et les hommes sont différents, et le seront toujours pour des raisons physiques de constitution anatomique différentes. Nous ne serons pas leurs égales mais ils ne seront pas non plus nos égaux dans le sens où chacun développe des compétences et qualités différentes qui se complètent très bien dès lors que tout le monde est dans l’ouverture à l’autre. »

Charlotte Girard : « Le rôle d’arbitre est le plus ingrat, mais aussi le plus passionnant. »
Charlotte est arbitre de hockey depuis depuis décembre 2002. « Bien que durant toute ma vie sportive j’ai toujours apprécié prendre le sifflet pour enrichir mes pratiques, et ce aussi bien à l’UNSS que dans le monde fédéral. Je suis donc arbitre pour différents sports depuis mes 10 ans et je suis devenue arbitre régionale de hockey en décembre 2002. » La jeune femme a connu le hockey lorsqu’elle étais en section judo : « Pendant les poses des entraînements, nous allions voir ce sport vif, bruyant et rapide. C’est comme cela que l’envie m’est venue de faire du hockey. Quant à l’arbitrage, il s’est ouvert à moi à la fin de ma carrière de joueuse. Après des années en mixité, puis en équipe féminine et quelques sélections dans le collectif France, j’avais la sensation d’avoir fait le tour de la question. Un responsable arbitrage, Patrick DROUIN, a vu en moi un potentiel et non une femme ou un homme… il m’a incitée à m’investir dans cette voie et cela a été très payant. Etant native de Bourgueil (Indre-et-Loire, NDLR), j’ai joué longtemps dans ce club avec les garçons, puis à Tours en équipe féminine, avant de rejoindre l’équipe d’Angers, ainsi que celle de Cergy et pour terminer : un camp d’entraînement à MCGill au Canada. » Pour Charlotte, une journée de match se prépare bien avant le jour J : « Il y a d’abord la logistique à gérer : hôtel, transport, travail, collègues arbitres. Puis, le matin nous nous rendons sur notre lieu de travail l’on quitte tôt pour pouvoir prendre le TGV. Pendant ce temps, on traverse un bout de France, on essaie de manger équilibré et de se reposer. Ensuite, on arrive à l’hôtel, on se change et on parfait la préparation juste avant de retrouver les collègues pour un café avant de rentrer dans le vestiaire pour débuter l’échauffement puis le match, tant attendu. », déclare la jeune femme. Charlotte n’éprouve aucune appréhension particulière au moment de devoir séparer des joueurs entre eux : « Les choses vont vite, le process est connu, et nous n’avons pas le temps de réfléchir. J’y vais en respectant la procédure et en équipe, avec mon collègue. », nous confie t-elle. « Avez vous un mot à dire à celles qui aimeraient se lancer dans l’aventure pour être membre du corps arbitral ? Le rôle d’arbitre est le plus ingrat, mais aussi le plus passionnant. Alors, il faut se lancer. Aucune montagne n’est trop haute, Il faut y aller par étape et toujours renvoyer en bas ceux qui vous diront le contraire. Charlotte, a déjà arbitré de nombreux tournois internationaux, 4 coupes d’Europe, 6 championnats du monde et 2 JO. Cette dernière conclue en nous donnant son point de vue sur la place de la femme dans le monde du hockey : « La réparation est assez inégale à travers le monde… la première raison est que le pourcentage de licenciées varie beaucoup. Cependant, il y a une vraie corrélation entre nombre de pratiquantes et acceptation de la pratique féminine. L’IIHF œuvre beaucoup pour le développement du hockey féminin mais sans politique forte de certaine fédération nationale, les disparités vont accroître. »

Gaëlle Bourdon habite Rouen et a 22 ans. Elle est commerciale dans l’affûtage et fabrication d’outils coupants sur mesure. « J’arbitre depuis l’âge de 13 ans en club, mais je débute ma 3eme saison cette année en tant qu’arbitre national. » Au début, Gaëlle préférait l ‘eau plutôt que la glace : « Je faisais de la natation à l’Ile Lacroix et mon père  » en avait assez de me voir faire des longueurs à répétitions », il est donc parti se promener et est entré dans la patinoire. L’équipe Senior de Rouen s’entraînait, il a eu l’idée de prendre des places pour un match. Et lorsque j’ai vu un match j’ai aussitôt dit : » je veux arrêter de nager et je veux faire ça !  » J’ai donc essayé et je n’ai jamais eu l’envie d’arrêter, je n’ai jamais regretté mon choix. » L’arbitrage, un métier de famille : « Mon père est arbitre de foot, je l’accompagnais souvent lors de ses matchs. J’ai donc toujours eu cette notion de respect des règles et d’impartialité dans le sport et j’ai eu envie de l’expérimenter dans ma discipline. » La jeune femme a joué de l’âge de 7 ans à 19 ans au hockey : « J’ai cessé de jouer lorsque je suis passée arbitre national. Pour vous donner une idée de comment s’organisent les moments juste avant un match, voici un petit récit : pour commencer, je fais souvent mon sac la veille afin d’être sûre de ne rien oublier. Lorsqu’il faut partir avant midi, j’essaie de trouver quelque chose à manger, qui ne soit pas trop lourd et facile de transport. Sinon, en général, c’est « pâtes party ». Pour terminer le repas, un café et c’est parti pour la route du match. Et quand nous arrivons, ils nous arrive de prendre un café ensemble. » La jeune Rouennaise n’appréhende pas non plus le fait de devoir intervenir lors d’une bagarre : « Je n’ai pas peur du rapport physique avec un joueur, car souvent la parole suffit. Et s’il faut séparer des joueurs, je ne laisserai pas mon collègue seul. » Certaines de ses collègues sont des modèles pour Gaëlle, et sûrement pour toutes les filles qui souhaitent elles aussi devenir arbitre : « Nous sommes 8 filles à ce niveau, qui certaines ont des parcours que beaucoup peuvent envier. Il faut des arbitres, alors que ce soit des hommes ou femmes.. il faut juste oser et passer le pas. » Gaëlle nous donne son ressenti de la place de la femme dans le monde du hockey, qu’elle soit arbitre ou joueuse : « Nous représentons à peine 1/10eme des arbitres en France, ce qui est peu, mais un de mes collègues a dit : » Vous apportez quelque chose d’autre à un match, certes certaines fois moins sur le physique mais cela compense avec d’autres choses, des fois la réaction d’un joueur ne va pas être la même si il est face à une femme. » Je pense donc que notre place en temps que femme ne peut être qu’une bonne chose pour l’évolution de chacuns et chacunes. Néanmoins, je sais qu’il a été beaucoup plus dur de se faire « respecter » en tant que joueuse dans une équipe de garçons. Alors qu’en tant qu’arbitre la question ne s’est jamais posée. »

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